Les Oiseaux de Verre
Musique de Claude Frenette
Poèmes de Nicole Desrosiers
Cette oeuvre est le résultat d’une commande que j’ai faite auprès de Claude Frenette, alors étudiant au baccalauréat dans la classe d’André Prévost, dans le but d’être exécutée à mon récital de fin de maîtrise, à l’Université de Montréal, le 23 mai 1980.
Une telle création lors d’un récital de fin de maîtrise fut sans contredit un précédent à la faculté, foi de Lorraine Vaillancourt qui dirigeait l’oeuvre pour l’occasion, elle-même alors professeure de musique contemporaine. Il semble qu’un tel événement ne fut pas reconduit par la suite.
Pièce conçue pour mezzo-soprano, harpe, violoncelle, vibraphone et percussions, l’exécution lors de sa création fut faite non pas avec harpe, mais avec piano, faute d’étudiant-e pour cet instrument à la faculté.
Il s’agit d’une oeuvre en trois parties, ici reproduite en pièces détachées, depuis l’enregistrement fait au « regretté » Studio 12 (quel studio!) de Radio-Canada, pour l’émission Alternances, le 9 octobre 1980. La retransmission radiophonique étant le 1er novembre de la même année.
Par la suite, cette oeuvre fut publiée et éditée, et ce, dans son instrumentation originale, sur étiquette RCI-570, Transcription/Alternances.
Voix : Christine Lemelin
Violoncelle : Alain Aubut
Harpe : Margot Morris
Vibraphone : André Pelletier
Percussions : Yvan Fréchette
Direction : Lorraine Vaillancourt
Dans l’ordre (texte au bas de la page) :
Les Oiseaux de Verre; Spirale; Coeur
Pour la petite histoire :
Tous les étudiants en maîtrise cette année-là étaient exemptés de présenter une pièce de musique contemporaine, étant donné leur participation intensive dans la création de l’opéra du compositeur Claude Vivier, Kopernikus.
En effet, une somme de temps, d’énergie et de mémoire* colossale fut dévolue à cette oeuvre unique en son genre. Plusieurs centaines d’heures d’apprentissage personnel, de répétitions pour une ou deux (?) représentations et… 6 crédits!
Personnellement, je ne voyais pas la nécessité de cette exemption. Étant donné que j’avais déjà participé à deux autres créations de Claude en ateliers et qu’il m’avait fait part de son intention d’une pièce sur trois poèmes de Nicole, sa muse, je lui ai demandé s’il était toujours disposé à le faire. Nous étions en début de session d’automne 1979.
De ce fait, il devait voir avec M. Prévost de cette éventualité, de mon côté, demander la « permission » à Louise Hirbour, ma directrice de mémoire. Elle a accepté d’emblée et avec beaucoup d’enthousiasme. De même qu’André Prévost.
Or, dans mon mémoire de fin de maîtrise, j’ai eu le culot et l’audace d’affirmer — l’avenir m’aura donné tout de même raison, que ce n’est pas le rôle d’une telle institution d’imposer une oeuvre de cette nature dans un atelier d’opéra alors que les chanteurs ont besoin de travailler le répertoire avec lequel ils auront à gagner leur vie. Et qu’une telle oeuvre devrait demeurer dans un atelier de musique contemporaine. J’ai dû ajouter que la somme des crédits en comparaison avec le travail exigé n’avait aucune mesure de comparaison.
Bref, j’ai été sévèrement réprimandée pour mon « excès » de vérité alors que je leur prouvais que je n’avais pas peur de l’effort et du travail, que je m’étais volontairement atribué en ajoutant la création des Oiseaux de Verre à mon programme.
De plus, le mot s’est sans doute passé puisque le monde de la musique contemporaine est bien petit…
*Les représentations ultérieures de cette oeuvre n’ont plus jamais été exécutées par coeur par les chanteurs; les personnages étant représentés par des danseurs, les chanteurs, eux, parmi les musiciens, avec leurs lutrins…
Voici le programme en question :
Les Oiseaux de Verre Rire rire avec toi rire à perte de voix à perte de mémoire Baiser tes lèvres et tes yeux te toucher à peine pour ne pas rompre l’équilibre fragile de tes chants T’offrir des oiseaux de verre des tuniques blanches et des clowns pour t’entendre rire Créer pour toi des images de peau transparente de cheveux fins d’étoiles filantes dans l’oeil grand ouvert Embrasser la lumière de tes dents | Spirales Dans l’ombre des rochers immergés des baisers lourds comme le secrets enfouis à jamais dans l’oreille élue des caresses chaudes comme les alvéoles dorées où les reines voluptueuses rêvent sous leurs ailes poudrées et des regards filtrés à travers les cils magie de l’oeil générateur d’images en kaléidoscope message jailli de la paupière complice et des paroles sans angles des paroles spirales autour du coeur | Coeur Noeud au centre de l’arbre entre l’écorce et la douceur le chant d’amour n’est pas perdu et les caresses chuchotées derrière les doigts en éventail tressent dans la mémoire des souvenirs en forme de feuille des souvenirs à la tige suspendue au jour aux fines nervures qui se joignent au-dessus des chevelures confondues |