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Maladie mentale et prison: mélange explosif!

Bien que ceci ne semble aucun rapport avec l’objet de ce site, je tenais à faire cette confidence…
Toutes les fois qu’un cas du genre « Ashley Smith » revient dans les « Faits divers »…

Elle s’appelait Annie Legendre. Une belle fille avec du caractère. Indisciplinée? Bof. Intelligente, j’en suis convaincue. Selon mon souvenir, son père était vraisemblablement photographe. Il semblait être ce qu’on peut appeler un « père absent »… Je crois même que la famille déménageait souvent…

Elle n’était pas mon amie. Elle ne semblait être l’amie de personne… Elle me faisait un peu peur. Trop rebelle pour moi; je « l’admirais » de loin… Une fois, une des dernières fois qu’on l’aura vue à l’école – 7e année du primaire?, elle s’était battue devant nous, en classe, avec notre brave professeur de français, Mlle Gingras, celle-ci déjà très autoritaire mais que nous aimions tous, vu sa compétence et sa forte personnalité.

Puis après, plus rien… Non… Quelques temps plus tard – un an ou 2 – nous apprenions qu’elle s’était retrouvée au pénitencier de Kingston!
Je n’en ai jamais su les aboutissants.

En parallèle, l’été, afin de gagner des sous, je travaillais à l’Hôpital Saint-Michel-Archange (aujourd’hui Robert GIffard) – j’habitais Beauport à l’époque. J’avais un voisin où j’étais allée garder et qui y travaillait comme préposé et qui m’a aidée à y faire mon « entrée ». Mais pour moi, pas question que je travaille auprès des malades, pour des raisons familiales… Les tabous ont la vie dure…
Cette année-là, la dernière, je travaillais dans la section des inscriptions, section de l’ouest. J’y faisais du ménage. Département plutôt tranquille, je pouvais lire une bonne partie de mes journées.

Oh, malheur! Un jour, j’aperçois cette pauvre Annie, qui avait bien l’air de me reconnaître… Et moi, la mine basse, qui n’a pas osé lui parler parce que, comme je n’étais pas en relations avec les malades, je craignais qu’on me gronde si toutefois on me surprenais à m’entretenir avec l’un-e d’eux.
Pire, un midi, me retrouvant à la réception, une pile de dossiers se trouve là, sur le comptoir. Et c’est celui d’Annie qui est sur le dessus!
J’ai beau avoir un grand cou mais je n’ai pas été capable de m’étirer assez pour réussir d’y lire quelque chose. Je n’avais pas non plus assez de front pour carrément le prendre pour le lire. J’avais trop peur qu’on me mette à la porte pour indiscrétion…

Moi qui venait de lire « Ma chienne de vie » de Jean-Claude Labrosse (Editions du Jour, 1964) – un enfant de Duplessis – dans lequel les employés d’hôpitaux psychiatriques n’avaient pas très bonne réputation…

Vous n’avez pas idée à quel point je regrette de n’avoir pas eu le courage de lui parler, de m’intéresser à elle, de l’écouter et quoi encore!
Je ne sais pas si elle vit toujours et dans quelles conditions, si elle est « guérie », si elle est réhabilitée.

Ce qui fait qu’avec cette histoire qui sévit dans les nouvelles ces jours-ci, chaque fois qu’une histoire du genre se manifeste, ce triste souvenir revient me hanter…

Tout compte fait, oui, il y a beaucoup à voir avec le contenu de mon « Opéra-Chanson« , quand on y pense…

 

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