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Histoire de chevelure…

J’avais vingt ans… ou presque. J’avais une très belle crinière, mais à cette époque, il fallait absolument que les cheveux soient lisses, droits comme une épingle… Comme je n’arrivais pas à les dompter, encore moins les coiffer — sinon j’avais l’air deux fois mon âge pour satisfaire la galerie, je n’en pouvais plus des rouleaux jumbo, des produits chimiques et surtout de passer mes samedis devant le miroir à blasphémer! Comme j’étais complexée!!!

Ainsi, en secret, en visite chez mes parents à Beauport, et, par la même occasion, y inviter mes nouvelles amies de Montréal, j’ai profité du Carnaval de Québec de 1975 pour faire le grand saut : la coupe afro! (plus affreuse qu’autre chose au premier abord…) Quelle surprise!!
À partir de ce moment historique (absolument!), ce fut désormais le laver-porter. Basta! Ter-mi-né! Pour toujours!

Quelle fut la réaction de ma nouvelle professeure de chant? « C’est pas une tête de chanteuse classique, ça! » À quoi je lui répondis : « C’est bien en quoi! »
Je n’en avais rien à cirer d’avoir la « tête de l’emploi », moi. Je voulais être bien avec moi-même, et avec ces cheveux-LÀ. Je ne voulais plus avoir à tester les angles pour cacher mon (je croyais) vilain nez! Il se camouflait tout seul maintenant. Et, Dieu soit loué, j’ai résisté à la chirurgie, n’en ayant pas les moyens. Je me suis épargnée le résultat, parfois discutable…

Ce n’est donc pas pour rien que, quelques années plus tard — et pas que pour ma tête, on me faisait peut-être le plus beau compliment de ma « carrière » : « Vous rajeunissez l’image qu’on s’était toujours faite des chanteuses d’opéra. » — Jeanne Quintal (comédienne, professeure au Conservatoire d’art dramatique de Québec), Québec en chansons 1981.

Pour la petite histoire, Guy-Jean Beaulieu était mon grand ami, et ce, depuis l’École de musique de l’Université Laval. Il avait de nombreux talents (hélas, je n’ai plus de contact avec lui depuis de nombreuses années et j’ignore ce qu’il est devenu). En plus de faire de la photo et me prendre pour modèle, il me confectionnait des vêtements tout à fait originaux. Disons que j’avais du style, beaucoup grâce à lui…

Cela aura pris de nombreuses années pour me faire une tête au point qu’elle devienne, sans calcul aucun, je le jure!, une « marque de commerce ».
Et plus mes cheveux était libres, plus j’avais l’air jeune…

Je n’avais pas l’intention de faire l’étalage exhaustif de l’évolution de ma chevelure. Même si cette histoire est loin d’être terminée, je conclurai ici. Parce que, malgré qu’elle soit désormais blanche et toujours bouclée, ce à quoi je tiens mordicus — témoins les photos concernant mon album de chansons et le spectacle qui s’ensuivit, je demeure aux prises avec « C’est pas une tête de… », et ce, dans d’autres sphères professionnelles (avec le prix à payer!)…

Comme quoi le conformisme, en ce qui a trait à l’image des femmes, à plus forte raison du moment qu’elles prennent de l’âge, demeure préoccupant — rares sont les exceptions. D’autant plus quand je vois de jolies jeunes femmes se pliant, cédant au dictat voulant qu’un cheveu, même 40 ans plus tard (!), devrait encore et toujours être lisse, dompté, jusqu’à arborer la perruque dans certains cas…
Misère!
Vive les (vielles) insoumises!

PS : Depuis cette publication, je tombe sur d’autres copies de la première série où il est écrit à l’endos : « Fin’70/Début’80… Point de repère : la bague achetée avec G.S. en Arizona, à l’été 1978 »!
Avec le temps, j’avais fini par oublier quelque peu cette vieille histoire d’amour…
Ce qui est conté plus haut est toujours aussi vrai, faut croire que mes cheveux auraient poussé très vite en trois ans…
Non seulement cette histoire est vraie, mais aujourd’hui (18 mai), en poursuivant la numérisation de mes photos professionnelles, je tombe sur un post-it où je paraphrase la chanson d’Aznavour (qui ouvre cet article) avec ceci (non daté mais ça fait un bail!) :
Hier encore, j’avais vingt ans / Et je passais mon temps / À m’défriser les ch’veux / 
Et tant, tant blasphémé / Jusqu’à me damner / Pour l’éternité / Pas b’soin d’vous les citer
– sur l’air de « Ma jeunesse »
Comme quoi…

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Photo Michel Parent

Prière à ma mère*

La personne la PLUS importante dans la vie d’un être humain est sans contredit sa propre mère.
Je vous fais grâce de la genèse du texte qui suit. Cette mélopée se retrouve au coeur même de la création de mon « Opéra-Chansons ».
Comme elle ne figure pas sur l’album qui fait office de trame principale, seulement qui aura assisté à cet opéra de chambre moderne saura témoigner de la charge émotive qui en découle.

Un jour, peut-être, la musique et l’image suivront…

PRIÈRE À MA MÈRE

Chanter, c’est prier deux fois.
T’as donc rien compris, maman ? (Refrain)

Aimer, est un don…
Gratuit !
Il est faux de prétendre
Qu’on ne peut donner
Ce qu’on n’a pas reçu.
Il se peut de le cultiver.

Personne n’a demandé à vivre.
À moins de vouloir en finir,
Faut faire avec.
C’est MAINTENANT
Que je veux être heureuse.
Je me fous
De gagner mon ciel !

Refrain

L’Apocalypse,
C’est pas pour demain.
L’amour,
Ça se mérite…
Par l’amour.
Non le sacrifice.

Un parent, un enfant,
Doit être chéri,

Non pas trahi.
Pourquoi t’être réservée
Pour des étrangers ?

Refrain

Chanter
Est le propre de l’homme,
Toute culture confondue ;
Pour célébrer la terre,
Les étoiles, la mer,
L’AMOUR.

Chanter, c’est prier deux fois.
Je suis SAUVÉE, MAMAN !

© CHRISTINE LEMELIN_02-07-1994/12-10-1995/Révisé : 22-09-2010/16-01-13/03-12-13

Bernadette Morency, décédée à Québec, le 17 janvier 2015
Va ! Dors en paix…
Dors enfin, maman !

Éva Gauthier, 20 ans : la suite-2/2

Voici la partie la plus délicate de cette saga : celle de ne pouvoir éviter d’identifier un individu en raison des circonstances qui le mettent visiblement en lumière.

Revenons brièvement sur le CALQ, évoqué dans le billet précédent. Le formulaire de leur demande de subvention était formel : des dates de tournée devaient être garanties… Mais comment pouvais-je donc garantir la moindre date quand même le directeur de la Maison de la culture Frontenac de l’époque, où avait lieu l’événement, me refusait des billets de faveur prétextant que « ce n’est pas un showcase! »?! Or, TOUT événement artistique est en soi un showcase!
Son autre prétexte : ne pas frustrer la clientèle des Lundi d’Edgar, toujours à guichet fermé… le spectacle ayant dû être présenté dans ce cadre, faute de salle disponible à ce temps de la saison, mais hors formule quant à moi; ce qui déplut considérablement au « principal intéressé »*…

L’ovation ne veut plus rien dire au Québec. Par contre, je peux affirmer que le public a été ravi de ce qu’il a vu et entendu. Les quelques billets que j’aurais pu obtenir afin d’inviter des diffuseurs auraient alors permis aux personnes lésées ce soir-là d’en profiter plus tard, dans cette même salle ou ailleurs. Mais non. Refus total!
— N’oublions pas qu’il s’agissait d’une création, donc d’un événement artistique.
Je n’étais pas habituée à ces manières cavalières, le précédent responsable de ce lieu hautement prisé par les artistes et le public avait été jusque-là un fidèle allié de mes productions antérieures. En eût-il encore été le directeur qu’il aurait pu aisément faire entendre raison à ce monsieur — celui-là fort insulté d’être écarté de ma proposition –, étant donné qu’il connaissait bien le procédé et la qualité artistiques que je défendais depuis une quinzaine d’années.

Le programme du Festival SuperMicMac annonçait, comme le « veut » Les lundi d’Edgar, un récital commenté, ce qui n’était pas ma proposition. Or, mon spectacle n’était PAS l’invité des Lundi d’Edgar mais une production DU Festival. Depuis le début de ce projet, j’avais été tout à fait transparente avec l’organisation dans la teneur de ce que j’avais l’intention de présenter, lui espérant du même coup un avenir heureux et lucratif. J’avais la pleine confiance de sa directrice.

Cependant, j’ai été invitée à expliquer à monsieur l’objet et l’objectif de mon spectacle, lequel n’était pas un simple récital comme on le voyait encore, mais celui-là arborant un scénario avec mise en scène, également tout en décors. En aucun moment ni endroit dans ce spectacle je ne pouvais l’intégrer, étant donné la captation de l’événement, ne pouvant ainsi offrir ce qu’on y verrait à un diffuseur éventuel puisque ce n’est pas ÇA que j’avais à « vendre ».
Non seulement cela, j’ai eu beau expliquer à monsieur que je travaillais sur ce projet depuis plusieurs années, que je m’y vouais à temps plein depuis de nombreux mois sans le moindre revenu, que je ne pouvais me permettre, une fois le 30 octobre passé, le reprendre de zéro comme je l’entendais et devoir le capter de nouveau pour une diffusion éventuelle. Je me suis même excusée de l’exclure, non pas par manque de bonne volonté mais exclusivement pour des raisons purement artistiques. Et que je ne pouvais « pour aucune considération » revenir sur ma position. J’ai dû être moins crue…

Le soir venu, monsieur, visiblement enrhumé, se contenta de me présenter et quitta les lieux.

J’ai beau ne plus en avoir entendu parler, ce n’est que plus tard que j’ai compris pourquoi ce directeur avait été aussi cavalier avec moi et pourquoi toute diffusion ultérieure dans les autres maisons m’était « désormais » refusée : monsieur, sans avoir vu mon spectacle, a déposé ni plus ni moins qu’un grief à mon encontre afin de m’empêcher ainsi tout accès aux Maisons de la culture de la Ville de Montréal!
En d’autres termes, ça ne se fait pas, faire ça à « monsieur »!

Comment peut-on considérer, appeler cela autrement que de l’obstruction, du sabotage, voire de l’intimidation?

Comment mieux tuer dans l’oeuf un élan créateur original parce qu’un ego surdimentionné se croit humilié (personne n’avait à savoir les dessous de son absence du projet) par une artiste qui ne fait que suer dans son travail sincère et honnête, et se respecter?

Pour aucune considération je n’avais à lui donner quelqu’importance que ce soit, laquelle, fût-elle acceptée, aurait dénaturé une telle création. C’était MON soir, MON spectacle. Monsieur avait eu bien d’autres occasions, depuis La Boîte à Surprise, de se faire une carrière et une… réputation.

Le laisser faire, je perdais ainsi tout contrôle de mon sujet. Pour nourrir ses commentaires, j’aurais dû, toujours sans revenus, passer du temps avec lui à lui fournir toute ma documentation, avec le spotlight qui vient avec, moi, ne devenant plus qu’une figurante, et ainsi faire croire que tout ce travail lui revient… Parce que les crédits, il aurait fallu aussi les négocier…
Étant donné que j’avais déjà vécu une tentative d’appropriation de mon travail…

Je n’ai jamais su être obséquieuse. Même que l’opportunisme ne m’a jamais réussi… J’ai payé très cher avoir refusé d’être complaisante, de faire aucun compromis avec MON projet artistique, encore moins refusé de m’être pliée aux « caprices » de ce monsieur au point de compromettre l’avenir de mon projet — et le mien, par extension.

J’estime avoir été lésée, moi, dans le respect de mon intégrité personnelle et artistique. JE me suis respectée. J’en ai payé le prix.

Sans pourtant vouloir me comparer, tout comme Éva Gauthier, TOUTE ma vie d’artiste fut sous le signe du risque personnel et artistique (et financier!). Je ne sais pas faire autrement. J’avais des idéaux, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour les atteindre.

Métier (et milieu) cruel, il va sans dire…

* En ce 30 août 2021, le « principal intéressé » vient d’écoper de six mois de prison pour ce que l’on sait…
Et deux jours plus tard, il a le culot de porter la décision en appel!
Octobre 2022, il n’aurait passé que quelques semaines en tôle, toujours sans remords et niant les faits…

Pour lire l’article sur les 20 ans du spectacle
Pour lire la suite 1/2

Pour lire sur le spectacle
Pour consulter le programme du concert
Pour d’autres photos
Pour en savoir davantage sur le Rap du « Name-Dropping »
Pour lire sur l’oeuvre de Charles T. Griffes, Three Javanese Songs, et l’entendre

C’était il y a 40 ans…

23 mai 1980 :
Récital de fin de maîtrise en Interprétation-chant, Université de Montréal.

Événement des plus importants et significatifs pour tout aspirant à la profession musicale classique.

Cela fait plus d’un an que je numérise, à temps perdu, mes archives scolaires et professionnelles audio sur bobines et sur cassettes. Une entreprise immensément délicate et hasardeuse, faite d’essais-erreurs, compte tenu du temps passé et des conditions d’entreposage.

Honnêtement et humblement, je n’en reviens pas de la qualité vocale et d’interprétation qui fut mienne. Une voix limitée dans les aigus, certes, mais une voix juste et une interprétation remplie d’esprit et de dynamisme ainsi qu’une rigueur musicale incontestable.

Comme je n’avais jamais ré-entendu tout ça jusqu’à maintenant, je n’arrive toujours pas à comprendre l’entêtement de mon professeur d’alors d’avoir tout fait pour m’empêcher de poursuivre dans mes ambitions musicales, et ce, par des intrigues indignes d’une personne de son statut. S’étant mythifiée de son vivant, elle était passée maître dans la démolition sans borne et injuste des prétendants qui ne rencontraient pas ses critères esthétiques.

Le rôle d’un professeur n’est-il pas de développer l’estime et la confiance en soi d’un élève qui nous a choisi? Encore faut-il l’aimer…
Pour seul compliment pendant toutes ces années : « Tu es le modèle parfait de la persévérance »…

J’aurai passé le reste de mon existence — avec force rage et insomnies — en quête de ma vraie voix et de ma vraie voie, et récupérer un semblant d’estime et de confiance en moi ainsi qu’en mon talent, celui-ci pourtant reconnu.

De cette maîtrise, je disais à qui voulait l’entendre qu’on me l’avait accordée par charité, tellement j’étais devenue complexée parce que comparée à tout le monde. Or, à force d’écouter l’enregistrement de ce récital, force est d’admettre que Gaston Germain, membre du jury, avait raison de me l’accorder. Et, l’ayant adopté plus tard pendant quelque temps comme professeur, il n’avait cesse de me dire que j’avais une belle voix, moi, n’arrivant toujours pas à le croire, malgré mes succès… J’avais encore des croûtes à manger pour soigner cette voix (et l’âme!!!) si mal dirigée depuis mon adolescence.

Je n’ai pas tout résolu mais c’est grâce à lui que j’ai réussi à comprendre des choses simples et fondamentales, particulièrement en me dirigeant vers un professeur éminent et reconnu, Vera Róza, à Londres, en 1989.

Ma combativité, la passion de la découverte et du faire-autrement-que-tout-le-monde qui m’animaient m’ont amenées vers une créativité dont je ne suis pas peu fière. Pour aboutir enfin à l’inattendu : la création de cet « Opéra-Chansons » qui fut créé presqu’à la même date, il y a maintenant 6 ans, en tant que auteure-compositrice-interprète, réalisatrice, conceptrice, etc.

ProgrammeFinMaîtrise1980

Voici le programme dont je suis très fière. Particulièrement où la création de l’oeuvre de Claude Frenette, sur des poèmes de Nicole Desrosiers, Les Oiseaux de Verre, fut un précédent pour un récital de maîtrise. Précédent qui semble n’avoir jamais été reconduit — je n’ai pas fait mon enquête. Cette commande, une histoire qui mériterait un article à elle toute seule…

Comme le résultat de la numérisation n’est toujours pas disponible, je vous fais entendre ici la version selon l’instrumentation prévue (harpe au lieu du piano) de l’oeuvre de mon ami Claude Frenette, alors élève d’André Prévost, au baccalauréat, laquelle eut droit à un enregistrement pour l’émission Alternances et qui fut gravée peu après sur étiquette RCI-570. Le numéro 7 est véritablement la 3e pièce du cycle.

Mais encore : si ce retour dans la passé puisse me permettre la poursuite d’une reconstruction qui reste encore à finir, si jamais il est possible d’y arriver enfin…

Merci d’avoir lu jusqu’ici et bonne écoute.

Chanter sans filet

Dimanche soir (31 mars 2019), TLMP invitait ce chanteur français à la voix magnifique, Eddy de Pretto. Il présentera chez nous le spectacle autour de son album Cure (Culte en réédition) et s’exécutera « tout nu », c’est-à-dire (à part un batteur) accompagné de son seul iPhone.
À la question que lui posait Guy A. Lepage, à savoir « pourquoi être aussi dépouillé sur scène? », il répond ceci :

« […] cette idée d’être en lien le plus direct avec le public, avec le mot, avec le verbe et pouvoir avoir pas grand chose à voir, être minimaliste, très épuré, pour avoir justement le propos et tenter de « matcher » toute la soirée.
Le plus difficile, quand on fait de la scène, je trouve […] pour moi, le plus important c’est de créer la magie, le truc qui va faire que, ah putain !, on a passé tous une soirée, car émotionnellement on ne peut pas l’expliquer, il y a eu un truc, il y a eu un lien entre l’artiste et le public. Pour moi, c’est ça le plus important. Et l’idée qu’il y ait rien sur un plateau m’aide beaucoup pour créer ce lien-là. »

Or, il y aura bientôt (déjà!) cinq ans (mai 2014), je procédais à la création de mon « Opéra-Chansons » WXYZ… Code secret. Il se trouve que je chantais absolument sans filet. Je n’avais pour accompagnateur que mon ordinateur, d’où sortait la musique, les cues produits avec la technologie qui prévalait à ce moment-là, et un clavier que j’utilisais exceptionnellement pour m’accompagner dans une chanson et quelques récitatifs.

N’ayant absolument personne pour me tirer d’affaire, cela devenait une performance de haute voltige. Quand bien même on prétextera la nécessité d’avoir un musicien à mes côtés (j’avais épuisé mes ressources financières et dû hélas y renoncer), ce compromis par défaut aura pourtant parfaitement servi le propos : la solitude, l’isolement et l’abandon évoqués dans cette œuvre.
S’offusque-t-on quand les compagnies d’opéra dit contemporain n’ont qu’une bande électro-acoustique soutenant les chanteurs? Mais non. Alors pourquoi pour mon opéra à moi?

N’ayant toujours pu donner suite à cette aventure, j’ai heureusement parfois l’occasion d’exécuter quelques-unes de ces chansons, accompagnées… d’un iPod !
C’est dans l’air du temps? Qui l’eût cru!

Même hors contexte, la réaction demeure : « Tu nous emmènes dans ton monde ! Tu m’as fait pleurer… »
Ils ne savent pas ce qu’ils ont manqué! (soupirs…)

« Toute nue » à mon tour, je n’ai à être préoccupée que de mes chansons et comment j’arriverai à toucher le public, lequel me le rend bien chaque fois puisque l’émotion est au rendez-vous.
Le public a raison

Marie-Nicole Lemieux : Le beau chant véritable !

Dire que je l’envie est un euphémisme…

Hier soir, j’ai eu le grand plaisir d’assister au « spectacle classique » consacré à Baudelaire (c’est comme ça qu’on nous le présente et non un récital !), donné au Théâtre Outremont par Marie-Nicole Lemieux, en compagnie du pianiste Daniel Blumenthal et du comédien Raymond Cloutier, directeur artistique dudit théâtre.

L’envie ? Parfois, j’avais le cœur à l’envers d’entendre non seulement cette voix magnifique dotée d’un registre exceptionnel et sans failles, mais une chanteuse dont la maîtrise du souffle est tout simplement remarquable. Que dire des nuances, ces douceurs dans les aigus : ad-mi-ra-ble ! Des aigus et des pp qui m’ont tant fait défaut pour réussir dans ce métier si olympien.

Combien d’autres récitals du genre ai-je manqué ? MNL est une des rares chanteuses à qui l’on permet de présenter un répertoire aussi peu familier du public, voire même des connaisseurs. Moi-même, qui possède une collection plus qu’enviable, je connaissais à peine plus de la moitié des œuvres au programme. Il faut dire que mes intérêts on bifurqué depuis quelques temps.

Marie-Nicole Lemieux est véritablement une récitaliste, ce que ne sont pas forcément les chanteurs et chanteuses d’opéra qui, pour plaire au grand public (il semble que c’est désormais la norme), nous assaillent constamment d’airs d’opéras, comme s’il n’y avait pas suffisamment de beau répertoire, toutes langues confondues, à se mettre sous la dent. MNL en est la démonstration, sans même être obligée de faire la guignole, sa tenue en scène étant sobre et délicate.

Un bémol : le pianiste. Certes, monsieur Blumenthal est un excellent accompagnateur, épousant parfaitement la musicalité de l’interprète. Hélas, il est le portrait même du pianiste classique qui ne semble pas avoir assimilé tout l’éventail musical dès qu’il s’agit d’appréhender la chanson : nous avons eu droit à un plat repiquage d’une version piano de Léo Ferré dans Le Flacon. Tant qu’à avoir fait grands frais dans la conception de ce « spectacle » (je pense au costume de monsieur Cloutier), on aurait pu au moins investir dans un arrangement plus élaboré par les services d’un maître en matière « Ferré » : Philippe Noireaut. Comme ça m’a manqué !

Oh ! du beau chant, comme cela fait du bien. Ne serait-ce que pour CE genre de répertoire, il vaut encore la peine d’étudier le chant classique. Pour en faire carrière, c’est une autre histoire…

5 ans déjà !

Oui, cinq ans, jour pour jour : Le lancement-web (faute de mieux !) de mon album WXWZ… Code secret, un « Opéra-Chansons ».
Un jeudi, 25 août 2011, il pleuvait des cordes…

Je venais à peine d’entrer sur les réseaux sociaux. J’avais donc peu d’amis Facebook, encore moins de Fans de ma Page… Quant à Twitter… Ce qui fait que ça un peu passé dans le beurre… Néanmoins, très bien commenté par ceux et celles qui ont réussi à se le procurer.

Trame principale d’une œuvre dramatique formidable qui a été créée en mai 2014 : L’« Opéra-Chansons » WXYZ… Code secret pour lequel j’ai reçu beaucoup d’éloges.

Affiche_Opéra-Chansons'

Œuvre intemporelle s’il en est, je vous invite toujours à vous procurer l’album – à défaut de pouvoir assister cet opéra de chambre, pour le moment – par mes bons soins ou via le site Bandcamp.com.

Merci encore pour votre encouragement très apprécié, passé, présent et futur !

D’hier à hier…

J’ai longtemps hésité…

Voici donc ce que j’avais alors à proposer.

Oui, il était une fois, une chanteuse…
Voici quelques très courts extraits de la variété de son talent.
1- Griserie : La Périchole, Jacques Offenbach. Centre Léonard de Vinci, 2004 – arrangements : Denys Lavergne;
2- Je voudrais être un chat… : Paroles et musique : Christine Lemelin. La Butte St-Jacques, avril 1997. Au piano : Bruno Fecteau;
3- Faites gaffe, les filles ! : idem;
4- Extrait, 2 Chants malais, op. 24 : Paul SeeligÈVA GAUTHIER Pionnière du chant moderne en Amérique ou… La « Javanaise ». Les Productions « La Fille de l’Île ». Festival SuperMicMac en hommage aux musiciennes canadiennes innovatrices, Maison de la culture Frontenac, 30 octobre 2000. Au piano : Réjean Coallier;
5- Dromadaire : Bestiaire ou le Cortège d’Orphée (Apollinaire), musique : Louis Durey – La Belle… et les bêtes, un zoopéra. Les Productions « La Fille de l’Île ». Septembre 1994, Salle Calixa-Lavallée. Au piano : Réjean Coallier;
6- Sirène : idem.

Condamnée à vie ?!?

Errance, titre #5 de mon album WXYZ… Code secret, un « Opéra-Chansons », dans lequel je décris l’écœurement de la condition (qui fut la mienne) d’une jeune et jolie jeune femme dans ses errances citadines lors de moments de solitude extrême et de désœuvrement.

État qui semble perpétuel, figurez-vous ! Quelque vingt années plus tard, rien n’a l’air d’avoir changé : malgré mes cheveux blancs, oui, j’ai été cet après-midi, et ce, sans équivoque aucune, mais, oui, bel et bien suivie !

De bien douloureux souvenirs remontent à la surface… À la seule différence maintenant que je ne suis ni seule ni en état de désœuvrement.

Je pense surtout à « […] toutes ces femmes cachées, blessées, qui ont peur, peur de la vie, peur de l’amour… »*. © Christine Lemelin

Mais bien encore : à toutes ces fillettes, adolescentes, femmes en devenir…

* récitatif en introduction de la chanson Errance dans « L’Opéra-Chansons » WXYZ… Code secret.

 

Luchini : de Nietzsche, de Rimbaud…

Je lis peu parce que je lis avec peine. C’est d’une grande peine ! Je ne peux qu’occasionnellement aller à la bibliothèque. Je dois donc acheter. Mais quoi, qui ?!? Pourquoi pas Dany l’« Éternel », Kim, Anne ou Réjean ? Alors, pourquoi Fabrice ?!?

Parce qu’il amène à lire, justement. Que je lis au compte-goutte. Dans Comédie française, le chapitre 8 est d’une délectation !

Permettez que je partage :

D’après Cioran, (Rimbaud) a « émasculé la poésie pour un siècle […] ». Il est aussi la névrose des comédiens. […] Avec Rimbaud, […] l’exécution sonore d’une voix d’acteur sur le texte est évidemment le plus grand acte d’impureté.

Puis, de Nietzsche :

« Je n’écris pas pour être compris, j’écris pour tenir à distance. »
(Sur les Américains) […] leur frénésie de travail – le vrai vice du nouveau monde – […] On a maintenant honte du repos ; on éprouverait presque du remords à méditer. […] La véritable vertu consiste maintenant à faire une chose plus vite qu’un autre.

C’était quand, ça, déjà ?!?
Mais encore : dans Le Gai Savoir :

On ne saurait être l’homme de sa spécialité que si l’on est aussi sa victime : c’est le prix.

Je ne lirai peut-être jamais Nietzsche, mais rien que ça…

Retour à Rimbaud. De sa solitude, F.L. déclare : « On est à l’inverse de notre époque de sursociabilité. Nous, nous voulons communiquer avec le monde entier sauf avec son voisin. » !!!
De sa poésie : « La poésie est un chant mais le compositeur n’a laissé ni partition, ni indication. Nulle part n’est indiqué où sont les notes noires et blanches. Rimbaud fait mine de le faire, « A noir, E blanc », mais c’est un délire. Où sont les blanches, les noires, les croches ? »
De sa propre diction : « Quelle diction avec Rimbaud ? Tous les jours je la cherche. […] Moi, j’ai compris que c’était simplement hallucinatoire […] »

Et il persiste…

Moi qui suis chanteuse, la diction a fait partie de mon apprentissage (en lyrique, c’est une nécessité, heureusement !) et m’a valu quelques bons compliments. Je trouve qu’aujourd’hui, le relâchement est plutôt dramatique. Particulièrement en musique populaire. Les chanteurs-ses ont beau avoir le micro en plein les amygdales… Les diseuses d’antan articulaient, elles !
À quand le retour des « e » muets ? À quand le retour des liaisons ?

Je continue ma délectation luchinienne. J’ai quand même d’autres livres en réserve.

Salut et bon été !