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Mon souvenir de Martin Gray

Il y a de ces événements mondains qui nous font passer à côté de l’essentiel ou de personnalités de coeur.
Celui-ci en est…
C’était aux lendemains de cet événement newyorkais où j’avais fait parler de moi pour avoir fait « LA » Carmen de Peter Brook. Les circonstances ont fait que je fus invitée et à la présentation privée de l’exposition de la collection de Jacqueline Picasso au MBA et à la réception qui suivit, au restaurant Le Prévost, qui a fermé ses portes depuis.
Il y avait là un certain gratin artistique, dont Claude Dubois, Jean-Pierre Ferland, André Gagnon.

J’étais seule et on m’a fait l’honneur d’être assise à la table principale où siégeaient le président du MBA de l’époque, Bernard Lamarre, le ministre des Affaires culturelles Clément Richard, en face de moi Serge Losique, et à ma gauche, au coude-à-coude, nul autre que Martin Gray !
Je savais qui il était, j’avais lu ses deux premiers livres et en avait été tellement touchée. Je le lui ai confié.

Mais, ces événements mondains sont tellement superficiels qu’ils ne nous donnent guère l’opportunité d’avoir un entretien quelque peu sensé.
Déjà qu’il y avait toute cette distraction qui fait qu’on a besoin de se montrer, de se faire voir, et de l’autre côté toute l’intimidation qu’elle procure face à cette clientèle qui pourrait éventuellement faire la différence dans une carrière.

On m’a, certes, demandé de faire « le singe », à savoir de m’exécuter dans la célèbre Habanera. Croyez-le ou non, j’ai refusé. J’étais pétrifiée, ne voyant pas pourquoi, moi, je devrais « monter sur la table » et m’exécuter, en vulgaire opportuniste. J’en étais parfaitement incapable.
Je demeure persuadée que n’importe qui d’autre aurait sauté sur l’occasion…

Je ne suis pas sûre que ça m’aurait rapprochée de l’être qui, dans mon jugement personnel, était le plus au-dessus de tout ce bruit.
Ce que je regrette de cette soirée est moins l’occasion professionnelle ratée que la relation que j’aurais pu entretenir, même brève, avec cet homme d’exception et qui aurait pu, qui sait, « m’aider » à avoir une vie intérieure plus harmonieuse…

C’est ce que m’a fait revivre, cette entrevue, chez Catherine Perrin…
http://ici.radio-canada.ca/emissions/medium_large/2013-2014/archives.asp?date=2014%2F05%2F27&indTime=91&idmedia=7092205

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L’ami des artistes? ça me rappelle…

Je n’ai pas connu Paul Desmarais ni sa femme Jacqueline. Par contre, ça me fait rappeler des situations inconfortables entre, ce qu’on appelle mécénat, argent-politique-art…

Pour commencer, mon père aurait tant voulu qu’un ancien organisateur politique, dont l’épouse était ou avait été sa cliente (mon père vendait du Chevrolet-Oldsmobile), me supporte monétairement. Cet homme avait apparemment une réputation d’aider. Je sais qu’il l’a fait avec une de mes collègues par la suite.
Mais les choses ne se présentaient pas à mon goût et j’étais fort mal à l’aise avec cette situation dans laquelle je me sentais une obligation pour laquelle je ne savais comment assurer, rien n’étant garanti dans le milieu de la musique. Ça a mal tourné…
Puis, il y a eu Clément Richard, alors ministre des Affaires culturelles de l’époque – il était député de la région d’où je venais, il avait même fait le voyage à New York, en compagnie de Bernard Lamarre (ex de Lavalin et ex du MBA), pour m’entendre chanter Carmen dans La Tragédie de Carmen de Peter Brook. Il m’avait déjà dit: « Pourquoi tu ne viens pas me voir à mon bureau, comme XX ?… ». En fait, je ne sais vraiment pas ce que j’aurais pu y aller faire… À tout le moins, entre-temps, j’ai eu droit à quelques dollars discrétionnaires pour aller faire mes auditions.
Ensuite, il y a eu Lise Bacon, alors ministre de la Culture, que j’avais rencontrée à l’issue du concert gala où je chantais pour l’entrée de la ville de Québec au sein du Patrimoine mondial de l’Unesco. Elle m’avait dit: « Venez donc me voir à mon bureau.. »
?!?!?
Là encore, qu’est-ce que j’aurais bien pu y faire.

J’avoue ma candeur et mon absence de sens des affaires ou d’opportunisme mais j’ai toujours l’impression que j’y perdrais mon âme, que j’aurais des dettes que je ne pourrais rembourser. Je suis très, mais très mal à l’aise avec ça.

Et enfin, pilant sur mon orgueil, à l’automne 2000, je rencontre mon député de l’époque et ministre de la Solidarité, André Boisclair… La cassette!!! Sans me regarder, il me défile son discours pendant de longues minutes à la vitesse de l’éclair, comme il a toujours su faire!
« J’ai » (« mon » obnl) reçu 600$. Mais je suis sortie de là avec une sorte de nausée!

J’aimerais vraiment, un jour, avoir accès à de l’aide, mais que je saurais inconditionnelle. Le retour d’ascenseur serait ainsi plus facile…
Le temps approche à grand pas pour ce besoin d’aide…

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13 octobre

Voici un article paru hier dans Le Devoir qui vient appuyer mes doutes:
http://m.ledevoir.com/politique/quebec/389850/paul-desmarais-un-bilan-s-impose