Archives du mot-clé Juliette

Le plus beau des compliments

« Artiste de tempérament à la voix céleste,
femme toute entière dans la tête
et dans le coeur…
Pour notre plus grand plaisir!
Merde et bravo!
Sincèrement Gilles-François »
19 janvier 1994
Le roi se meurt, Ionesco
Théâtre La Veillée (aujourd’hui « Prospero »)

Oui, probablement le plus beau des compliments jamais reçu dans ma vie fort mouvementée et tourmentée d’artiste lyrique, qui était une indécrotable idéaliste, pour ce qui est de ses ambitions, pas toujours réalisées…

J’y tenais le rôle de « Juliette », la servante, une première dans ma vie professionnelle. On m’avait donné la direction musicale du spectacle et je chantais abondamment. Du Mahler, Hugo Wolf, entre autres.

Il s’agit de Gilles-François Therrien, si aimable et talentueux créateur des costumes, lequel m’a fait l’immense plaisir de m’accompagner dans ce projet mort-né que fut « Éva Gauthier, Pionnière du chant moderne en Amérique ou… La « Javanaise » », le 30 octobre 2000.

Cette carte, je l’ai retrouvée tout récemment dans mes archives. Il y a de ces choses et souvenirs que nous avons intérêt à conserver…

Salut et Merci, Gilles-François! xxx

Gilles-FrançoisTherrien,19janvier1994,Le_roi_se_meurt Gilles-FrançoisTherrien,19janvier1994,Le_roi_se_meurt'

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Moi, c’est Renée que j’aime le mieux !

Octobre 1987. C’était à Paris, au Centre culturel canadien. Toutes les deux étions affairées à la préparation de nos récitals respectifs dans la petite salle du Centre.

J’ai eu la maladresse, ou plutôt l’indélicatesse de la « bousculer », étant probablement pressée par tout ce que je souhaitais accomplir pendant ce court séjour au Studio du Québec — j’étais la première récipiendaire à n’avoir que six mois… N’empêche. J’en ai conservé du remords.

Janvier-février 1994, la voilà dans la salle où je m’expose comme comédienne-chanteuse dans la production de Le roi se meurt de Ionesco. J’y tenais le rôle de la servante Juliette et j’avais la direction musicale du spectacle. On ne pouvait me manquer : en plus de mon rôle, je chantais du Mahler, du Hugo Wolf et d’autres pièces mettant en voix toute la distribution.
À la fin du spectacle, je me suis précipitée dans le hall du théâtre La Veillée, aujourd’hui Propero. Elle était toujours là. Je n’avais qu’une hâte : m’excuser !
Mais surtout en profiter pour la féliciter : sa voix était plus belle que jamais et j’avais tant apprécié la délicatesse de son chant dans l’opéra Nelligan.

À peu près cinq ans jour pour jour (printemps 2014), je lui demandais d’être la marraine de la création de mon « Opéra-Chansons » WXYZ… Code secret. Robert Langevin, son conjoint, m’apprend alors que Renée était désormais trop malade pour accepter quelque responsabilité de nature culturelle et publique, sans toutefois que je sache de quoi elle souffre.

Son état déclinant était connu dans le milieu mais ce n’est que tout récemment que la nouvelle a sorti. Une initiative d’hommage, certes de bonne foi, l’étouffe, plus que ne la mette véritablement en lumière. L’enterre avant l’heure…

C’est ELLE que je veux entendre ! L’original est de LOIN supérieur à toutes ces chanteuses qui ne lui vont pas à la cheville comparé à son intelligence créatrice et la qualité de sa voix. Elle a eu la sagesse d’en prendre soin mieux que personne pour la mettre au service de ces créatrice (Clémence) et créateurs (Brassens et Ferré) qu’elle a su honorer avec tant de grâce, là où était sa véritable « maison » artistique.
Aucune d’elles n’a jamais su apporter autant de nuance, de simplicité et de caractère tout à la fois dans leur chant et leur interprétation. Le raffinement est devenu une denrée rare…
L’ayant « connue » avant l’ère Venne, le chemin parcouru est impressionnant.

Moi, c’est « Renée que j’aime le mieux* » !

*en référence à Moi, c’est Clémence que j’aime le mieux