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Mon (unique) souvenir de Claude Gingras

Juillet 2001. Concert d’ouverture du Festival de musique de chambre d’Oka. « Patrimoine en musique », des oeuvres pour ensemble vocal. Le tout était dirigé par Agnès Großman mais préparé par Jean-Pierre Guindon, qui était alors maître de chapelle à la Basilique Notre-Dame de Montréal. Je faisais partie de ce choeur professionnel depuis quelques années.

Le concert terminé, nous nous dirigeons vers la sortie de l’église et voilà Claude Gingras qui s’approche de moi et m’interpelle. Il connaît mon nom?! Il a dû voir dans le programme… Je ne l’avais pourtant jamais rencontré. Mais encore. Que ce nom lui rappelle quelque chose, dix ans plus tard?!

En m’abordant, il me dit se rappeler de mon disque BESTIAIRE (Sne-565) dont il aurait fait la critique. Ah oui?! — j’avais payé 1 500 $ une relationniste pour faire le suivi du lancement en 1990, chose qu’elle n’a jamais fait! J’ai donc moi-même investigué à ce moment-là, sans rien trouver, lui ai-je répondu. Il m’a affirmé que si.

Connaissant sa réputation, je n’ai pas pris le risque de lui demander ce qu’il en avait alors pensé…
On connaît nos faiblesses et nos forces : au moment de l’enregistrement, le producteur-réalisateur (Gilles Poirier) m’avait témoigné lui faire penser à Maureen Forrester dans l’esprit de mes interprétations. Fichu de beau compliment! Aura-t-il jugé mieux?

Je suis parfaitement fière de cet album d’oeuvres inédites, lequel fut au centre d’une 4e version de récitals sur le thème des animaux — work in progress qui dura 15 ans!! (je n’ai jamais eu peur du travail) — intitulé La Belle… et les bêtes, un zoopéra. Une oeuvre théâtralisée basée uniquement sur des mélodies françaises.

J’avoue avoir négligé de fouiller dans les archives de La Presse. Il n’est jamais trop tard.

À suivre…

Reposez en paix, Monsieur Gingras, et Merci!

BESTIAIRE (Sne-565)

BESTIAIRE (Sne-565)

Affiche_Christine-Lemelin_La-Belle&les-bêtes

Condensé de la présentation visuelle du spectacle

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Errance, la genèse

Au départ, je n’avais pas l’intention de raconter les histoires derrière ce qui constitue mon « Opéra-Chansons » WXYZ… Code secret, bien que cette oeuvre soit une sorte de mise en abyme.

Mais comme je présenterai celle-ci, entre autres, dans le cadre de Show de femmes au Balattou, le 15 novembre (2018), c’est en raison de ce lieu qu’il devient maintenant pertinent pour moi de raconter.

À l’exception d’une ou deux pièces de ce projet, lequel aura pris vingt ans à voir le jour, elles ont toutes été écrites alors que j’habitais au 4372, rue Clark, coin Marianne. C’est-à-dire carrément derrière le Balatou et ce qui fut le Bobards, endroit longtemps à la mode situé St-Laurent/Marianne.

Timide et solitaire, ayant un rapport avec la séduction plutôt incertain, je n’entrais jamais dans ces meat market. Même que, pour le Balatou, j’avais, oui, des préjugés; malaises…

À l’époque, sans doute encore aujourd’hui, la faune de ce quartier variait selon le bout de rue, le jour de la semaine et l’heure de la journée où on y circule. Et je parle du temps où la vie commerciale de la rue Mont-Royal ne s’étendait guère que de St-Laurent à St-Denis…

En soirée, je sortais de chez moi, déambulais, arpentais Mont-Royal-St-Denis-Prince-Arthur-St-Laurent. Selon mon humeur, j’extrapolais vers le Parc Jeanne-Mance et la rue Sherbrooke. Pas toujours une bonne idée… se faire suivre est plutôt affolant…

Enfin je rentrais chez moi…

Un samedi soir — j’avais écrit Errance depuis quelques mois déjà –, devant le Balattou une dame m’interpelle. Les yeux cernés, l’air hagard, au lieu de pénétrer tout de suite dans cette salle — j’y serais allée volontiers avec quelqu’un –, je l’invite d’abord à partager la balade avec moi puis d’aller prendre un verre là où ça lui tenterait.

Une fois rendues Mont-Royal/St-Denis, je lui propose de marcher un peu plus vers l’est, qui tente de se développer. Refus. Nous descendons alors la rue St-Denis. À Rachel, au moment de lui suggérer une halte, la peur au ventre, elle décide de rentrer chez elle et mettre son pyjama… Une fois moi-même de retour à la maison, je lui dédie ma chanson : à toutes les « Johanne ».

Une chanson, un opéra, ça ne dit pas tout…