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Photo Michel Parent

La cruauté

Il y a déjà plusieurs mois que j’ai acheté La femme qui fuit d’Anaïs Barbeau-Lavallette. Puis, j’ai attendu quelques mois encore avant de me décider à le lire.
Dès la première page, souffrant. Alors, j’en lis quelques-unes à la fois. De temps en temps. Très souffrant.
Étant donné qu’on connaît déjà l’issue… — quand on a vu le documentaire de la mère : Les enfants du Refus global de Manon Barbeau.

L’autre roman qui m’a autant, sinon davantage remuée : L’obéissance de Suzanne Jacob. Inconsciemment une source d’inspiration…

L’abandon et l’aliénation : cruauté mentale.

Parce qu’une mère, ou plutôt une femme qui a enfanté, n’a même pas besoin de se rendre jusque-là — ni partir ni tuer, pour un même résultat.
Et si par malheur le « bon » Dieu s’en mêle…

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Luchini : de Nietzsche, de Rimbaud…

Je lis peu parce que je lis avec peine. C’est d’une grande peine ! Je ne peux qu’occasionnellement aller à la bibliothèque. Je dois donc acheter. Mais quoi, qui ?!? Pourquoi pas Dany l’« Éternel », Kim, Anne ou Réjean ? Alors, pourquoi Fabrice ?!?

Parce qu’il amène à lire, justement. Que je lis au compte-goutte. Dans Comédie française, le chapitre 8 est d’une délectation !

Permettez que je partage :

D’après Cioran, (Rimbaud) a « émasculé la poésie pour un siècle […] ». Il est aussi la névrose des comédiens. […] Avec Rimbaud, […] l’exécution sonore d’une voix d’acteur sur le texte est évidemment le plus grand acte d’impureté.

Puis, de Nietzsche :

« Je n’écris pas pour être compris, j’écris pour tenir à distance. »
(Sur les Américains) […] leur frénésie de travail – le vrai vice du nouveau monde – […] On a maintenant honte du repos ; on éprouverait presque du remords à méditer. […] La véritable vertu consiste maintenant à faire une chose plus vite qu’un autre.

C’était quand, ça, déjà ?!?
Mais encore : dans Le Gai Savoir :

On ne saurait être l’homme de sa spécialité que si l’on est aussi sa victime : c’est le prix.

Je ne lirai peut-être jamais Nietzsche, mais rien que ça…

Retour à Rimbaud. De sa solitude, F.L. déclare : « On est à l’inverse de notre époque de sursociabilité. Nous, nous voulons communiquer avec le monde entier sauf avec son voisin. » !!!
De sa poésie : « La poésie est un chant mais le compositeur n’a laissé ni partition, ni indication. Nulle part n’est indiqué où sont les notes noires et blanches. Rimbaud fait mine de le faire, « A noir, E blanc », mais c’est un délire. Où sont les blanches, les noires, les croches ? »
De sa propre diction : « Quelle diction avec Rimbaud ? Tous les jours je la cherche. […] Moi, j’ai compris que c’était simplement hallucinatoire […] »

Et il persiste…

Moi qui suis chanteuse, la diction a fait partie de mon apprentissage (en lyrique, c’est une nécessité, heureusement !) et m’a valu quelques bons compliments. Je trouve qu’aujourd’hui, le relâchement est plutôt dramatique. Particulièrement en musique populaire. Les chanteurs-ses ont beau avoir le micro en plein les amygdales… Les diseuses d’antan articulaient, elles !
À quand le retour des « e » muets ? À quand le retour des liaisons ?

Je continue ma délectation luchinienne. J’ai quand même d’autres livres en réserve.

Salut et bon été !