Étonnamment, le rapport que j’ai avec Barbara est plutôt récent.
Ma jeunesse, côté chanson française, a été bercée par le yé-yé et, parallèlement, plus particulièrement par Petula Clark, Nana Mouskouri et Frida Boccara, et en passant, tout de même, par Monic Leyrac – dans son formidable répertoire et sa façon bien personnelle de le faire connaître – !
À cette époque, j’avais encore développé peu d’affinités avec les Serge Reggiani, Léo Ferré, George Moustaki et Barbara, justement. Je trouvais qu’elle avait des tics musicaux et j’étais quelque peu étourdie par ses textes longs et denses.
Je lui ai donc préféré Serge Lama…
Il m’a fallu un long détour en chant classique et opéra pour me faire les dents sur la poésie classique et le théâtre. C’est là que j’ai réalisé – pour enfin apprécier – à ce point l’importance du texte afin de devenir excellent-e interprète.
Cette découverte est à la source de ma chanson Hymn’Mortels, que l’on retrouve sur mon album WZYZ… Code secret, un « Opéra-Chansons ».
Et Barbara, là-dedans ?
Comme la genèse de mon projet d’« Opéra-Chansons » ne date pas d’hier, pendant sa longue pré-production j’ai eu à faire entendre ici et là l’ensemble du programme, c’est-à-dire également les chansons qui ne sont pas incluses dans l’album-cd mais qui seront au spectacle-tour de chant.
C’est ainsi que mon ami P. B. me parle de Barbara, particulièrement le répertoire qu’elle chantait avant de se mettre à écrire, un répertoire de chansons anciennes et quelque peu loufoques.
Bon. J’écoute. En effet, ça me fait penser à Marie Dubas et c’est un répertoire que j’aime beaucoup puisque fantaisiste.
Puis, mon ami insiste également pour me faire comprendre que mes chansons sont dans le même esprit que celles qu’aura écrites Barbara tout au long de sa carrière. Ah ! bon ?
Je me mets à « l’ouvrage ». J’écoute. Tant qu’à écouter, lisons.
J’épluche donc à peu près tout ce qui a été publié sur elle, par elle également.
J’ai été soufflée par les nombreux rapprochements !
Je ne suis pas juive, je n’ai pas connu la guère et mon père ne m’a pas violée. Par contre, le contexte, l’intimité et ses nombreuses guerres, conter des histoires, parler de la douleur, même avec drôlerie.
Bien entendu, je n’ai pas son talent. Je me suis mise bien tard à l’écriture…
Ainsi, lors de la post-production, j’ai eu la chance d’assister au spectacle que la comédienne Marie-Thérèse Fortin avait monté avec le pianiste de jazz Yves Léveillé sur Barbara. Une redécouverte de l’oeuvre. De fabuleux arrangements qui lui donnait une perspective nouvelle.
Quand vint la chanson Il pleut sur Nantes, j’ai pleuré… La relation avec mon paternel n’ayant pas été des plus simples…
Mais, parmi ces rapprochements, il y en avait un qui était tout de même fort étonnant : la place du piano sur la scène…
Dans mon spectacle La Belle… et les bêtes, un zoopéra, le piano était placé clavier côté cour ! Pourquoi ? Comme ça. Pour faire différent !
On dit de mes chansons qu’elles sont hors norme. Celles de Barbara ne l’étaient-elles pas à l’époque ? Ça ne l’a pas empêchée d’avoir un succès foudroyant.
Elle était jeune. Ça aide. Je ne le suis plus…
Elle a pu fréquenter un milieu pour faire croître son talent et qu’il soit reconnu. Moi, pas…
Loin de moi vouloir me comparer à elle. Ce serait présomptueux.
Quand il y a urgence d’écrire, on le fait d’abord pour soi. J’ai mis des années avant d’avoir le courage de les publier. Parce qu’intimes.
Orienter un marketing sur l’intime peut être vulgaire. C’est probablement pourquoi je suis si frileuse à la marchandisation à outrance.
Ainsi, du moment qu’on décide de publier, toucher les gens devrait pouvoir en devenir le but ultime.
Et enfin, qui n’aime pas se faire conter des histoires ?
Ping : Blogue, pas blogue… | Christine Lemelin
Chère Christine,
Ton opéra » WXYZ… Code secret » est absolument magnifique, personnel, original et ne souffre pas de comparaison avec qui que ce soit.
Si certains auteurs compositeurs t’ont inspirée, c’est plus que normal; même les plus grands ont retranscrit, réarrangé, réorchestré ou réharmonisé d’autres grands.
» Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » a dit le chimiste français Lavoisier, paraphrasant ainsi lui-même le philosophe grec Anaxagore : » Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau »…
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J’ignore qui est Paul/luapam, mais s’il peut affirmer la présente, c’est qu’il connaît l’oeuvre. Et je l’en remercie infiniment. Ça fait chaud au coeur!
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