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« Mon » René Lévesque : c’était il y a 30 ans !

J’étais boursière du Studio du Québec à Paris, à la Cité internationale des arts, et c’est le lendemain du décès de René Lévesque, le 2 novembre, que le Service culturel de la Délégation du Québec me « court » après.

Pour m’apprendre la nouvelle et ainsi me demander de chanter à la cérémonie commémorative, laquelle eut lieu, le 7 novembre, en l’église St-Philippe-du-Roule, faubourg St-Honoré.

Parce que ce 2 novembre fut également le décès de Yoland Guérard — chanteur d’opéra et animateur télé fort connu pour son implication dans la diffusion de la culture sous toutes ses formes — alors directeur du Centre culturel canadien à Paris, d’où j’arrivais, mais sans avoir pu le rencontrer tel que prévu…

L’anecdote rocambolesque est racontée plus en détail dans mon billet En souvenir de René Lévesque, publié il y a cinq ans.

Souvenirs… souvenirs…

 

 

 

 

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À faire du ménage dans sa vie…

On peut tomber sur ceci :

Ré Koster

Il s’agit d’une lettre de recommandation de ce professeure de chant que j’avais rencontrée à Montréal grâce à Gaston Germain.
Étant à Paris depuis septembre 1987 au Studio du Québec, à la Cité internationale des arts, je souhaitais prolonger mon séjour pour me perfectionner davantage, six mois ayant été trop courts.
Je suis donc allée chez elle pendant environ deux semaines, au printemps, où j’ai eu accès à un studio pour dormir, et travailler dans ses locaux.

« Au pays qui te ressemble / Là, tout n’est qu’ordre et beauté / Luxe, calme et volupté » (Baudelaire – Duparc)

En souvenir de René Lévesque

Paris, 2 novembre 1987, il fait gris. J’ai rendez-vous en fin d’après-midi au Centre culturel canadien pour signer mon contrat du récital que je dois y donner quelques semaines plus tard. Le rendez-vous est avec Yoland Guérard, ex-chanteur d’opéra qui en était le directeur. Je l’avais rencontré la semaine précédente et il avait le visage tout rouge…

La porte était barrée. Je ne lis pas le petit papier sur la vitre, j’insiste. On finit par m’ouvrir et j’explique pourquoi j’insiste. On me fait monter au bureau, le contrat est là, signé. En regardant cette signature, en blague je dis « on dirait qu’il a crevé dessus ! » – je ne savais pas encore, on ne me dit rien mais on me regarde avec des gros yeux bizarres…

Je rentre chez « moi », à la Cité internationale des arts – j’étais boursière du Studio du Québec, et un message me demande de rejoindre d’urgence Marie-Odile Vézina aux Services culturels de la Délégation du Québec. On me cherche depuis le début de la journée car on réclame mes services pour la cérémonie qui aura lieu quelques jours plus tard : René Lévesque est décédé la veille ! Quand je dis d’où j’arrive, on m’apprend que Yoland est mort dans la journée ! Tout s’explique…

C’est dans ces « conditions-là » que j’ai abouti à chanter à la messe commémorative en l’honneur de René Lévesque, le 7 novembre 1987, à l’église St-Philippe-du-Roulle, à Paris, devant tout le gratin politique international qui « traînait » par là !

Je dis bien « devant » parce que, l’église n’ayant pas de jubé, l’orgue se trouvait dans le choeur… Et je me suis retrouvée à chanter devant ce public, accompagnée par un organiste des plus amateurs : non seulement il avait confondu le « Pie Jesu » du Réquiem de Duruflé avec celui de « Fauré » (air de contralto vs air de soprano – ce que je ne suis pas), mais il n’avait jamais joué l’Ave Maria de Bach-Gounod dans ma tonalité et refusait de le jouer dans un autre ton que celui de soprano (sol vs mib) ! Tu parles ! Et il avait prétendu en plus ne pas avoir besoin de me rencontrer d’avance pour répéter ! Il ne faisait visiblement jamais de lecture à vue… Ça a frisé la catastrophe ! Vous ne pouvez imaginer le stress ! Et en plus, on gelait dans cette église (on gèle tout le temps dans les églises, en France !). Par chance, j’avais une pelisse…

Une fois terminé, j’ai remarqué que quelqu’un dans la 1ère rangée faisait mine de m’applaudir, il était assis à côté du Délégué général, Jean-Louis Roy. C’était Gilles Vigneault ! J’avais chanté en première partie de son spectacle à Québec (avec Jean-Guy Moreau) un an plus tôt… Et, parmi le gratin, il y avait notre ambassadeur de l’époque, Lucien Bouchard…

Quelle histoire !