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Vous voulez vous débarrasser de vos vieux ?

Envoyez-les à l’hôpital !
Bien sûr, je suis cynique. À l’heure où l’on vit de plus en plus longtemps, à l’heure de l’aide médicale à mourir, combien d’entre nous ne serons jamais assez malades pour y avoir accès ?

Ici, c’est, entre autres, l’histoire de ma tante, la dernière survivante de la grande famille de mon père. Elle s’en allait sur ses 100 ans. Une chute l’amène à l’hôpital. Physiothérapie pendant plusieurs semaines. À la veille de son congé, paf ! : une maladie nocosomiale. Trois jours plus tard, terminé. Partie!

Ma mère ? Elle aussi, après une longue pneumonie, prenait du mieux. Regain d’énergie, elle s’accroche… C Difficile. Puis enfin (!), une parotidite. C’est ce qui l’a rachevée. Comment, diable, a-t-elle pu attraper ça ?!? Pour en avoir moi-même souffert l’an passé, des suites d’anesthésie pour obturation de molaire, je sais à quel point ça peut être souffrant. Et je ne suis pas douillette !

Mon père, lui ? C’est une autre histoire. Ça faisait dix bonnes années qu’il espérait en finir… Plus aucune qualité de vie : ne voit presque plus rien, n’entend presque plus rien, à moitié paralysé des suites d’un AVC… Une infection urinaire traitée probablement trop tard – papa ne se plaignait jamais; on ne pouvait jamais deviner qu’il souffrait… Probablement pour ne pas qu’on le soigne; ça ira plus vite…
N’en pouvant plus, il a arraché sa sonde. Il a failli en mourir. À partir de là, déclin assuré. Ça a marché une première fois ? Il se serait essayé une deuxième fois. Fatal !

Combien d’histoires comme ça où des vieux ne peuvent abréger leurs souffrances pour des raisons éthiques, d’autres parce qu’ayant perdu la raison ? Leur seul « remède » ? Oui, les envoyer à l’hôpital. Un constat inquiétant…

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Le sens de l’orientation

Tranche de vie…

S’il y a une chose que mon père a réussi à m’inculquer, c’est de développer mon sens de l’orientation.

J’avais 15 ans et je commençais mes cours de chant, en privé. C’était rue Marquette, coin des Érables, dans le quartier Montcalm, à Québec.
Nous habitions Beauport (nord = Ste-Gertrude). Pour des raisons d’espace, les cours de secondaire 4 et 5 (3, sais plus) se donnaient en après-midi. J’avais donc le loisir d’aller là-bas, le matin, une fois aux deux semaines (ça coûtait 9,00 $/h, donc trop cher…).

Parce que les transports en commun étaient plutôt minables, mon père venait me reconduire là-bas, en prenant bien soin de me montrer le chemin en nommant le nom des rues et les édifices à reconnaître. Fallait bien puisque je devais prendre le bus de retour jusque chez moi, terminus qui se trouvait au stationnement de chez Pollack, boulevard Charest. Et, à cause de l’horaire, j’avais amplement le temps de faire le trajet à pieds. Ce que j’adorais.
Ça m’a bien servi plus tard puisque pendant mes études universitaires, je revenais l’été à Québec pour faire la guide touristique (entre-temps, j’avais déménagé à Montréal).

Ça m’a bien servi également après mes études — j’ai eu beaucoup à voyager pour des cours de perfectionnement, auditions, concours de chant et travail. Alors, quand j’arrivais dans une nouvelle ville, je prenais grand soin de me familiariser avec le plan, à tel point que je venais à peine d’arriver et les gens me demandaient régulièrement leur chemin !
Sauf à Tokyo… faut savoir que là-bas, sauf pour les grandes artères, il n’y a pas de noms de rues !

Toute cette histoire pour mettre en contexte ceci :
Ce matin, je me rendais à St-Lambert et j’ai eu à marcher longtemps depuis le métro pour me rendre à mon rendez-vous. N’y étant encore jamais allée à pieds, j’ai trouvé ça « long longtemps » ! J’avais beau avoir regardé d’avance le plan, mais je commençais à m’inquiéter, vu que c’était loin et que je marchais depuis déjà plus de 30 minutes.
À tout hasard, je pose la question à une dame qui visiblement était dans sa promenade (fin de jugging ?) à savoir si la rue xxxxx était encore loin. Quelle fut ma surprise de me faire dire qu’elle ne connaissait pas cette rue — ou plutôt la manière de s’en débarrasser !

Se promener dans un quartier que l’on habite et ne pas connaître le nom des rues où on circule, je trouve ça drôlement inquiétant.

Maudit GPS !
Maudite paresse !

Retour au bercail.

En ce samedi 23 mai 2015, prenait définitivement fin un chapître du livre de notre vie familiale avec l’inhumation de ma mère, décédée en janvier dernier.

Retour au bercail : celui de l’attachement à nos racines, à celles de nos ancêtres, en ce sol sacré qu’est le cimetière de la paroisse de Sainte-Famille, Île d’Orléans.

Les voici désormais ré-unis, à jamais…

Joseph-Napoléon Lemelin (1919-2011)
Bernadette Morency (1923-2015)

Papa, maman :
Qu’ils reposent, enfin, en paix…